Voici le très beau texte d'introduction de l'exposition, rédigé par Frédéric Ohlen (et mis en page par Yuk ^^)
L'illustration
et la science-fiction ont ceci en commun d'avoir partagé longtemps
une tare originelle : être considérées comme des sous-genres
à destination des illettrés, des Minus habens ou des
enfants ! De nos jours, la SF appartient à l’histoire
humaine, à l’odyssée scientifique, comme au patrimoine littéraire
et artistique de notre temps. Ainsi, les créations des graphistes
les plus connus, tels Moebius, Druillet ou Enki Bilal, ont acquis peu
à peu un statut d'œuvre d'art à part entière et s’arrachent sur
les marchés.
La science-fiction comme
la fantasy ont permis de renouveler le roman d'aventures, le
récit merveilleux, en nous confrontant aux monstrueux symboles que
notre époque mérite… La SF nous offre, tout à la fois, un
dépaysement sans égal, et une certaine manière, non mièvre et non
moins populaire, d’anticiper progrès et dangers, d’évoquer les
sujets les plus graves voire les plus philosophiques : écologie,
économie, utopies sociales, choix politiques ou éthiques, moins
pour avoir peur du Grand Méchant Loup venu d’outre-espace, que
pour éclairer d’un regard nouveau nos propres abîmes intérieurs.
Face à l’Autre, le
genre interroge notre (in)humanité. Il dénonce nos travers et nos
vices, stigmatise notre goût du lucre, du chaos, de
l’autodestruction.
Rien de simple ou de
simpliste. Pour les illustrateurs, en effet, le défi est ardu.
Comment ne pas sombrer ipso facto dans le grand-guignol ou le
grotesque ? Comment conserver l’émotion et la poésie, la
vibration du réel à ce que les mots tissent de l’intérieur, en
se posant sur chaque imaginaire ?
Le Sci-Fi Club, qui fête
cette année son quart de siècle, a toujours défendu une
science-fiction et un fantastique de qualité qui ne reniait pas ses
racines Pacifique : cinéma, avec la désormais célèbre Nuit
du fantastique, jeux de rôles, avec l’organisation de
conventions régulières, littérature aussi, avec deux recueils
publiés. Qui plus est, le montage en 2010, à et avec la Maison du
Livre, de la première exposition Scifimages nous a donné
l'occasion de révéler à un public toujours plus large les
dessinateurs d’Ici, en prise avec les affres, us et coutumes d’un
Ailleurs, au fond, pas si étranger.
Pour cette édition 2011,
un thème s’est donc imposé tout naturellement à nous :
« relire » des œuvres littéraires majeures du
répertoire à l’aune des terres océaniennes.
Alors que le talent
s’unisse au Rêve, afin que sous nos yeux s’accomplisse
l’impossible !
Regardez… Déjà, voici
que Blade Runner, debout, contemple l’opéra de Sydney…
Voici que des flots
puissants balayent la route de l’anse Vata…
Dis, papa, et si
c’était vrai ?
Frédéric
Ohlen
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